"Images tactiles" : du relief sur
vos images
Avez-vous déjà
rêvé de pouvoir toucher les images ou les photos affichées
sur votre ordinateur et ressentir leur relief ? C’est désormais
possible et vous pouvez même essayez depuis chez vous (voir
les exemples/démonstrations).
Un chercheur
Inria de l’Irisa à Rennes propose en effet une technique
permettant de simuler les sensations tactiles liées aux textures
ou au relief des images 2D projetées sur votre écran
d’ordinateur. D’habitude, lorsque vous passez avec le
curseur de votre souris sur une image, vous ne ressentez strictement
rien. Mais aujourd’hui les résultats obtenus avec cette
technique permettent de donner la sensation de toucher l’image,
de ressentir son grain, ses aspérités, comme si vous
passiez votre doigt dessus !
Les applications de cette technique sont nombreuses. Tout d’abord
la perception du relief de photos à des fins ludiques ou professionnelles
comme par exemple pour la retouche d’images. Sur internet, elle
permet d’ajouter aux pages web des effets d’un genre totalement
nouveau et portant sur le curseur : perception du relief, de contours,
attraction ou répulsion d’une zone ou d’un lien
html. Elle peut également être utilisée pour mieux
percevoir les éléments de votre bureau d’ordinateur,
par exemple pour ressentir les textures des icônes, des boutons,
ou les limites des fenêtres de votre interface graphique. D’autres
applications sont également envisageables comme l’assistance
aux personnes mal-voyantes afin de les aider à accéder
aux ordinateurs en leur facilitant l’usage de la souris ; ou
encore les jeux vidéos pour lesquels on pourrait renforcer
l’immersion des utilisateurs en leur procurant de nouvelles
sensations plus « tactiles ».
La technique en question consiste à modifier le mouvement et
la vitesse du curseur lorsqu’il traverse l’image : le
ralentir ou l’accélérer. Si l’on veut donner
l’illusion que le curseur de la souris monte une pente il est
ralenti. Inversement, si l’on souhaite simuler qu’il descend
cette pente il sera alors accéléré. Si le curseur
rencontre un "mur", son mouvement est complètement stoppé.
Par exemple, pour simuler le passage du curseur sur une bosse, le
curseur est freiné jusqu’au sommet de la bosse. Puis,
une fois le sommet franchi, le curseur est accéléré
jusqu’à ce qu’il atteigne le bas de la bosse. Arrivé
en bas de la bosse, le curseur retrouve sa vitesse normale. Au final,
vous aurez eu l’impression de passer sur cette bosse au bout
de vos doigts !
A l’aide de la technique proposée il est possible de
simuler le relief de n’importe quelle texture ou image 2D. L’algorithme
générique développé à l’Irisa/Inria
Rennes consiste à utiliser une topographie ou une carte des
hauteurs de l’image à partir, par exemple, de ses couleurs
ou de ses niveaux de gris. La trajectoire de la souris est analysée
afin d’identifier les hauteurs des points (ou pixels) de l’image
que le curseur va traverser. L’algorithme travaille ensuite
sur la trajectoire théorique du curseur point par point (ou
pixel après pixel), et va ralentir ou accélérer
le curseur en fonction des hauteurs parcourues. Par exemple, lorsque
le curseur doit passer d’un pixel bas (un pixel foncé
par exemple) à un pixel haut (un pixel clair) il est freiné.
La position finale atteinte visuellement par le curseur tient compte
de tous ces ralentissements et accélérations élémentaires.
Cette technique est basée sur des résultats de recherche
récents dans le domaine de la perception visuo-tactile humaine
et dans celui de la perception des textures macroscopiques pour lesquelles
il a été montré que la perception des efforts
domine la perception de la hauteur parcourue. Cette technique a été
évaluée en passant par une phase de validation expérimentale
en trois étapes. Une première expérience a permis
de mesurer la capacité d’identifier des formes simples
telles que des creux ou des bosses. Une deuxième expérience
a permis d’évaluer la capacité de reconnaître
un relief à partir de la seule information de mouvement du
curseur. Une dernière expérience a permis d’étudier
plus précisément la perception des reliefs simulés
en demandant de dessiner, en coupe, l’allure des surfaces simulées.
Ces trois expériences ont permis de montrer que pratiquement
tout le monde est capable de reconnaître et de dessiner précisément
des reliefs simulés par cette technique.
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